In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

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Rien de neuf sous le soleil...

gp

À

l'instar de Cicéron, qui en 63 avant notre ère déclarait déjà dans ses catilinaires « O tempora, o mores », locution latine que tout passionné des pages roses entre les noms communs et les noms propres d'un Larousse qui se respecte, connaît bien, et que l'on pourrait traduire trivialement par « quelle époque ! », nous estimons tous que les temps présents sont porteurs des tares annonciatrices de la fin prochaine de notre civilisation.

Or, il y a quelque temps j'ai conçu le projet de relire l'intégrale des « Rougon-Macquart » d'Émile Zola. Je ne l'avais pas fait depuis une vingtaine d'années. Je sais qu'il est de bon ton dans les milieux dits « intellectuels et branchés » de se gausser de ce genre de littérature. Certes, mais ces chefs-d??uvre classiques du XIXe siècle, ainsi que ceux de Balzac ou de Flaubert, ont à mes yeux le charme d'avoir été écrits dans un français impeccable, au style travaillé et véritable source d'un vocabulaire riche et varié. D'ailleurs, on ne s'y trompe pas lorsqu'on considère que ces auteurs ont été la manne inépuisable des dictées de mon enfance.

Pour en revenir à mon propos, ce week-end j'ai terminé la lecture de « Au bonheur des dames ». Depuis la dernière fois, cela a été une révélation. Bien que décrivant une vie passée depuis 150 ans, ce que nous pensons seulement découvrir s'y trouve déjà... Par exemple la description des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), ceux de Mme Marty victime de ce que l'on appelle maintenant les achats compulsifs, ou la kleptomanie de Mme de Boves. Mais c'est surtout la peinture du magasin éponyme et de ses conséquences qui n'a rien à valoir aux reproches actuels faits à la grande distribution, tels la fin du petit commerce, l'exacerbation de la consommation, ou les méthodes commerciales. À ce sujet, j'ai redécouvert dans cet ouvrage la relation d'une pratique préconisée par Octave Mouret, le directeur, et qui persiste actuellement : celui de modifier sans cesse l'implantation physique des rayons afin d'obliger le consommateur à circuler dans tout le magasin. Ainsi que le suggère le titre de ma chronique : il n'y a rien de franchement nouveau aujourd'hui...

La description de la journée inaugurale du nouveau « Bonheur des dames » agrandi et rénové, avec sa fièvre de consommation, pourrait tout aussi bien s'appliquer à un Auchan ou un Carrefour un samedi après-midi...

Quant à l'évocation de l'attitude « résignée » des petits commerçants incapables de se remettre en question par de nouvelles orientations, elle est tout aussi significative...

D'ailleurs d'une manière générale, même si je concède que « L'histoire naturelle d'une famille sous le Second Empire » par moments a un peu vieilli, en particulier à cause d'une théorie poussée à l'extrême (l'influence de l'hérédité sur le comportement), et d'une misogynie, voire d'une phallocratie exacerbée, cette ?uvre n'a pas pris une ride par rapport à nos préoccupations actuelles. Que ce soit par exemple dans la dénonciation de l'argent roi et l'absence de règles morales (La curée, L'argent), des magouilles politiques ou sociales (Son Excellence Eugène Rougon, Pot-bouille), ou les conséquences sociales de l'addiction (L'Assommoir).

Donc, même si on vous fait passer pour un « ringard », merci Monsieur Zola de nous rappeler à une certaine modestie...



07/02/2012
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