In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

omme aurait pu le dire le regretté Raymond Devos, chez un professionnel quand on met la seconde dans la première, cela fait un peu désordre...

Malheureusement, chez certains cela peut arriver. Quelque soit le niveau du restaurant, il peut survenir que les règles élémentaires d'hygiène et de propreté soient parfois mises en défaut.

De la même façon, il est possible que l'activité du restaurant en question ne soit pas toujours en adéquation avec ses moyens.

Dès lors, il y a trois moyens de sensibiliser le public à ce genre de « mésaventures ».

Le premier, serait du style « Envoyé Spécial » sur France 2, c'est-à-dire un reportage « bien bétonné » présentant les faits sans dramatisation excessive, sollicitant le témoignage de divers acteurs (le restaurateur, un inspecteur de la répression des fraudes, des clients, des spécialistes, etc.). Bref, du vrai documentaire digne de ce nom.

Le second, plutôt typique de TF1 avec « Enquêtes et révélations », privilégiant le sensationnalisme avec des images choc et glauques, du style invasion de cafards, défilé de rats sur des étagères, plans sur des seaux remplis de viande pourrissante et moisie. Ceci principalement tourné dans des restaurants asiatiques ou des paillotes en bord de plage. Bien évidemment, ce type de « marronnier » revenant chaque début d'été pour vous mettre en appétit avant de partir en vacances...

Enfin, la troisième que j'ai découverte il y a peu sur les chaînes du groupe M6/W9, objet d'une émission importée de nos voisins grands Bretons : « Cauchemar en cuisine ». Tout un titre !

Laissez-moi vous résumer brièvement une des premières (et très rares) émissions que j'ai vue.

Un chef britannique (malheureusement multi étoilé), M. Gordon Ramsay « meneur » de cette émission, arrive dans un petit restaurant « irlandais » de la côte est des États-Unis. À l'intérieur, peu ou pas de clients dans un décor relativement banal. Deux ou trois personnes sont derrière le bar. M. Gordon Ramsay nous explique qu'il est là à la demande du patron, également chef cuisinier, et qui se plaint de la modestie de son chiffre d'affaires. M. Ramsay demande donc à être servi pour goûter la cuisine. Ayant commandé un hachis parmentier, une fois qu'il a en face de lui celui-ci, commence à le « disséquer » avec sa fourchette en prenant une mine tellement dégoûtée, qu'on a l'impression qu'il a en face de lui une tartine de m.... Il avale quelques bouchées puis quitte précipitamment la table.

Commentaires lors de son retour à la fois à la caméra et au chef. « C'était tellement dégueulasse que j'ai été tout gerber dans les chiottes... ». On notera au passage le langage « châtié » d'un personnage dont on aurait pu attendre, eu égard à ses trois étoiles, une autre culture... Quant à la distinction du propos de l'émission...

Suite en cuisine. Visite de fond en comble. Le tout ponctué de « Ooooooooh !, Aaaaaaaaaah ! » et autres onomatopées du même genre. Dernier plan de cette première partie : le « Grand Chef qui sait » morigénant le bouseux amerloque et sa famille comme s'il s'agissait d'écoliers pris en faute. C'est tout juste si l'on entend pas : « Baissez les yeux quand je vous parle ! ».

Je vais vous épargner le reste de l'émission. En fait, il s'agit pour M. Gordon Ramsay de dispenser sa science tel Dieu faisant pleuvoir la manne dans le désert pour les hébreux. N'oublions pas non plus la dramatisation excessive : fausses colères, fausses sorties, et sans doute le meilleur, le suspense du style « Monsieur X. va-t-il enfin réussir sa réouverture ? »... PUB... (Bien entendu !).

Bref, de la « télé trash » dans toute sa splendeur, ou si vous préférez en français de la « télé - poubelle », d'où mon titre.

Le pire, et je dirais même plus, « le plus pire » c'est que M6 non contente de diffuser une version vaguement francisée de ce torchon britannique (même pas utilisable en cuisine) a programmé à partir de ce lundi 18, une version totalement française qui commencera dans un restaurant niçois.

Dans le « rôle » de M. Ramsay, M. Philippe Etchebest, chef et patron d'un Relais et Châteaux dans le bordelais. Bon, je ne le connais pas plus que cela, mais mon sang n'a fait qu'un tour quand j'ai vu qu'il était « Meilleur Ouvrier de France ».

Quand dans un (vrai) reportage on a vu la difficulté et le stress pour obtenir ce col Bleu-Blanc-Rouge tellement convoité, cela me paraît être une véritable insulte à cette vénérable institution.

La cuisine française vient d'être classée au « Patrimoine Mondial de l'Humanité », gageons que si d'autres s'engouffrent dans la brèche ouverte par M. Philippe Etchebest, elle ne le restera pas longtemps. Heureusement il restera des chefs tels que M. Yannick Alleno, M. Michel Bras, Mme Anne-Sophie Pic et autres dont la modestie et l'amour réel de la gastronomie n'auront pas besoin de « gugusseries » pour l'y maintenir. (J'y associerais les grands Olivier Roellinger et Jacques Thorel, même si ces derniers ont fait le choix de mettre fin à leurs activités de chef).