In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

Inquiétons-nous !

HN

J

?ai doublement hésité au sujet du présent billet.

Tout d?abord, sur sa parution ou pas, celui-ci touchant un sujet sensible, et ses conclusions pouvant être mal interprétées sur un plan politique.

En second lieu, sur le titre. J?aurais presque eu envie de faire un « bis » sur le titre d?un de mes propos du début juillet « Inquiétant, même effrayant », mais j?ai opté pour le présent titre non sans un clin d??il au regretté Stéphane Hessel.

La nuit (plutôt les insomnies) portant conseil, je me permets de vous livrer ma réflexion, même si celle-ci pourra paraître très pessimiste.

L?origine en est trois informations dont j?ai pris connaissance hier.

La première, qui fait la manchette du quotidien « Le Monde » d?aujourd?hui sur la situation très préoccupante des dérives criminelles qui affectent maintenant depuis plusieurs années la ville de Marseille.

Ensuite, et sans commune mesure avec ce qui précède, une double page locale du quotidien régional « La Voix du Nord », qui fait état de l?insécurité grandissante dans le quartier de Maubeuge où je réside, Sous-le-Bois. Article illustré d?ailleurs, de manière tout à fait incidente par la relation par un blogueur, de dégradations commises dans ce même quartier sur une école élémentaire publique.

Enfin, plus anecdotique, mais non moins anodin, une information relayée par un de mes amis sur Facebook, du vol du fauteuil roulant d?un militant de la défense du droit des handicapés.

L?origine de ma réticence à publier le présent article, tient dans le fait qu?à un moment où se mettent en place les pièces sur les échiquiers des élections municipales ici et aux six coins de l?Hexagone, mes propos puissent être interprétés de manière politique. Fidèle à la philosophie du présent blog, il n?en est rien, et mon analyse se veut avant tout sociologique et philosophique.

Le thème de la sécurité sera omniprésent dans la future campagne.

Bien que le maintien de cette sécurité, comme le fait justement remarquer un candidat local déclaré, appartient aux fonctions régaliennes de l?État, c?est un aspect de la question que les édiles ou futurs édiles ne peuvent ignorer. Il est d?ailleurs dommage de constater que des maires actuels oublient parfois leurs responsabilités d?officier de police judiciaire que leur confère leur fonction dans les désordres qui peuvent survenir dans leur commune, et les fasse supporter aux victimes de celles-ci.

Dans ce domaine, les propositions que j?ai déjà lues ou entendues çà et là, même si elles divergent parfois sur la forme, me paraissent toutes peu ou prou frappées au coin du bon sens.

La question que l?on peut se poser alors, c?est de savoir si elles seront suffisantes.

On touche ici le c?ur de mon propos, car ma réponse est sans ambages : NON !!!

Est-ce à dire que j?accuse d?incurie des pouvoirs publics locaux ou nationaux ?

Ici aussi ma réponse est tout aussi négative. C?est la raison pour laquelle je ne considère pas mon présent billet comme politique.

Chacun apporte la réponse qui lui semble juste, et qui pourrait l?être, mais malgré toutes ces bonnes volontés, la cause me semble perdue d?avance.

En lisant attentivement l?article du quotidien « Le Monde » au sujet de Marseille, j?ai constaté que ce soit entre 2007 et 2012, ou depuis 2012 chaque gouvernement avait pris à bras le corps le problème, en essayant d?y apporter sa solution, malheureusement à chaque fois en vain.

C?est un cliché habituel depuis que l?homme existe. Chaque génération estime qu?elle est le dernier rempart avant le déclin de la civilisation auquel mène tout droit la génération qui suit.

Il faut donc raison garder, et essayer d?être le plus objectif possible.

Or, c?est en ce faisant que l?angoisse monte irrémédiablement en moi.

Habitué depuis des années à lire les petits et grands faits divers, les petites et grandes chroniques judiciaires, je me rends compte que la réaction des délinquants montre de plus en plus une totale absence de repères moraux. Un avocat local est célèbre pour sa phrase fétiche lorsqu?il défend la partie civile dans les tribunaux correctionnels, et parle « d?individus sans foi ni loi ». Derrière cette phrase toute faite se profile la triste réalité de personnes qui effectivement vivent dans un monde où toute norme d?intégrité a disparu. Combien de fois ai-je ainsi lu les rappels à l?ordre de présidents de tribunaux devant l?attitude goguenarde ou fière des inculpés devant leurs exactions?

Pire encore, s?il existe chez certains délinquants une référence, c?est bien celle des « contre valeurs ». Dégrader un bien, y mettre le feu, autant d?actes gratuits destinés d?une part à « e? » la société, ou plus prosaïquement comme épreuve d?admission dans un gang. On ne cambriole plus, on détruit, on saccage? Associé au « business » c?est ainsi que se forment des zones de non-droit, et l?on passe de comportements délictuels à des actes criminels. Du « permis de brûler » au « permis de tuer » pour renforcer le pouvoir de la bande. Ce qui se passe à Sous-le-Bois s?est passé hier à Marseille, ce qui se passe à Marseille se passera demain à Sous-le-Bois.

Quant à la dissuasion des forces de l?ordre ou des peines judiciaires, il y a belle lurette qu?elles ne font plus recette.

Ce que je retiens des épisodes tragi-comiques de cette fin d?été entre Monsieur Valls et Madame Taubira, c?est que l?on constate que l?exemplarité des peines, tout au moins celles d?entrée, ont fait long feu depuis longtemps. Pour preuve, l?échec de l?efficacité des peines plancher instaurées par Monsieur Sarkozy en cas de récidive.

Aujourd?hui ce n?est plus «passez par la case départ, et recevez 20 000 ? », mais « passez par la case prison, et recevez votre statut de caïd à l?intérieur de votre communauté ».

En ce qui concerne les fameuses « peines de substitution », je voudrais bien que l?on m?explique de manière détaillée quelles sont-elles, et leur efficacité? À part les TIG (Travaux d?Intérêt Général) utiles dans des cas marginaux, elles font souvent sourire les délinquants eux-mêmes, même s?ils ont les lèvres gercées?

Des centaines de sociologues se sont penchés ou se penchent encore sur la question pour y apporter une réponse. Sauf erreur de ma part, peu y sont déjà parvenus. Personnellement, j?ai lu peu d?explications satisfaisantes à l?origine de ces dérives.

Le chômage, le dés?uvrement ? Mouais, mais tant que l?on gagnera 10 fois, 100 fois plus en « dealant » qu?en montant des roues sur une Yaris chez Toyota, le jeu sera biaisé?

La démission des parents ? Elle existe certes, mais elle n?explique pas tout. Ici encore, l?origine de cette « démission » demeure assez obscure. Comme d?habitude, on charge la situation économique. Or, je connais des familles où la situation précaire n?empêche pas une éducation « à l?ancienne ». À l?inverse il n?est pas rare de voir certaines familles « du haut du panier » générer les pires crapules qui soient.

Les carences du système éducatif ? Ici aussi, ne crions pas haro sur le baudet. L?enseignant est là pour « enseigner » et non pas pour « éduquer » au sens moral du terme. Certes, il y a quelques décennies il y a eu l?abandon de l?enseignement des « cours de morale », qui vont être remis à l?ordre du jour par l?introduction de la « morale laïque », ce dont je me réjouis, malgré la dénomination qui me déplaît profondément. Mais, de même que la règle de trois, si la volonté n?y est pas, les leçons sont vite oubliées?

En résumé, de ce long, très long billet, traitant du droit élémentaire de vivre dans la sécurité des personnes et des biens, je suis très pessimiste.

Beaucoup d?entre vous sans doute me le reprocheront, mais, étant donné que le « pacte » du présent blog est de vous présenter mes mouvements d?humeur, je tenais à ce que cela soit exprimé.

Alors oui, inquiétons-nous !

Voilà?



21/08/2013
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