In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

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Hommage à mon grand-père

RLIl y a quelques semaines j'avais déjà parlé ici même de mon grand-père maternel.

À l'époque, j'avais retiré l'article sous les invectives d'une personne croyant détenir la vérité en matière d'éducation, d'humanisme de tolérance.

Aujourd'hui, 11 novembre, jour anniversaire de l'arrêt des combats en 1918, je tenais à nouveau à lui rendre hommage.

Comme beaucoup de jeunes de sa génération (il était né en 1895) le début de sa vie d'adulte a été marqué par son implication dans ce terrible conflit.

Mais, aujourd'hui ce n'est pas au combattant que je veux rendre hommage, mais à l'homme de foi et d'humanisme qu'il a été. Bien qu'ayant souffert de cette guerre, jamais nous, ses petits-enfants n'en avons entendu parler. Tout au long de sa vie, son attitude d'ancien combattant a été la pudeur et la discrétion. Jamais de récits interminables de cette période de sa vie, ni non plus de diatribes enflammées d'un quelconque procès de cette boucherie.

Arrivé à l'âge adulte, peu après son décès, je me suis souvent posé la question de l'origine de cette discrétion. Avec, il faut l'avouer, un léger sentiment de déception eu égard au devoir de mémoire de notre génération.

Je pense que l'origine de ce silence est double. Il y a eu d'une part, comme chez beaucoup de ses contemporains, un vague sentiment de « honte » de s'en être sorti. Effectivement, mon grand-père a eu la « chance » d'y survivre. Il faut dire qu'il a été fait prisonnier pendant les premières semaines du conflit.

Et puis il y a eu la « pudeur » de ne jamais se faire une gloire de son passé d'ancien combattant. Pourtant, d'après les bribes de ce que nous avons pu quand même connaître, cela a été une épreuve très dure. Même s'il a échappé à l'enfer des tranchées, le statut de prisonnier entre 1914 et 1918, trente ans avant la convention de Genève, ce n'était pas celui d'une colonie de vacances....

La promiscuité, le froid, la malnutrition, les poux, et le typhus dont il a failli mourir, sont des épreuves que l'on oublie jamais.

S'il a été discret sur sa vie de prisonnier, il l'a encore été plus sur sa vie de combattant. Le seul souvenir qu'il nous a raconté, plus de 30 ans après son décès, malgré la noirceur des choses nous fait encore sourire. Quelques jours après le début de la guerre, son bataillon a été pris dans une escarmouche avec l'ennemi dans la région de Montmédy (Ardennes). Échanges de tirs derrière des talus. Il s'adresse à son camarade à côté de lui, et là, aucune réponse? Et pour cause, ce dernier venait d'être frappé d'une balle en pleine tête. Réaction on ne peut pas humaine de mon grand-père: « Ce n'est pas le moment de faire le mariolle ».

Voilà, nous n'en saurons jamais plus, si ce n'est le fait qu'il avait été fait prisonnier après avoir fait sauter un tunnel.

Voilà, cher Papy, plus de 90 ans après la fin de tes souffrances, je tenais à te rendre hommage, ta discrétion dût-elle en souffrir...



11/11/2010
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