Du côté de chez Dac...
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e ne sais plus à quelle occasion j'ai découvert l'humoriste Pierre Dac lors de mon adolescence. Toujours est-il que cela fait plus de 40 ans que je suis fidèle au « roi des loufoques », et que je voue un véritable culte à l'humour absurde. C'est ce qui explique d'ailleurs mon attachement à un digne successeur de Pierre Dac dans le domaine, je veux parler de Raymond Devos. Dans une certaine mesure, ce type d'humour n'est pas non plus absent des aventures d'Achille Talon par Greg.
Pierre Dac, c'est avant tout le célébrissime « Os à moelle », organe officiel des loufoques, et surtout sa première « mouture », hebdomadaire qui a paru entre le vendredi 13 (si, si !) mai 1938, et le 7 juin 1940. Dès sa première parution, malgré le type d'humour un peu particulier, son succès ne s'est jamais démenti. Caractérisé entre autres par des reportages improbables (« Exploration chez les chasseurs de plats de côtes », « Chez Néron, créateur du punch au Rome »,...), des recettes de cuisine tout à fait particulières (« L'art d'accommoder la selle de cheval », « La sauce aux câpres, sans câpres »,...), ou les célèbres petites annonces, rédigées au demeurant par le fidèle complice de Pierre Dac, Francis Blanche...
Mais c'est également, dans les années 50 le fameux feuilleton radiophonique « Signé Furax », dont certains épisodes ont été publiés sous la forme de romans, aux titres les plus évocateurs les uns que les autres («Malheur aux Babus », « La lumière qui éteint », « Le gruyère qui tue », « L'Atoll Anatole », etc.), sans oublier les célèbres « pensées ». « Celui qui dans la vie est parti de rien pour arriver à pas grand-chose, n'a de comptes à rendre à personne. », « À l'éternelle question : qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous ? Je réponds : je suis moi, je viens de chez moi, et j'y retourne ! ».
Cette mini présentation de Pierre Dac pour vous annoncer la création d'une nouvelle rubrique, précisément intitulée « Du côté de chez Dac », où, lorsque les événements seront moins nombreux pour me faire rire, m'attrister ou grincer des dents, je reprendrai des extraits de « L'Os à moelle » pris dans l'intégrale de la première saison (1938 - 1940) parue en 2008 chez Omnibus.
J'espère que cela vous permettra de découvrir ou de redécouvrir cet illustre humoriste.
Ceci d'autant plus, que malgré les 74 ans qui nous séparent de la parution de cet hebdomadaire, les sujets n'ont pas pris une ride, et que l'humour décapant s'adresse toujours aux mêmes sujets qu'aujourd'hui.
Et pour commencer, deux « faits divers revisités » qui nous concernent directement, habitants de l'Avesnois, et pour le premier, malheureusement, ô combien prémonitoire !....
N° 6 du 17 juin 1938
Samedi
A propos de beurre, ça a bardé cinq minutes au marché d?Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, où, à la suite d?un différend, herbagers et intermédiaires en sont venus aux mains à coups d??uf et de motte de beurre. Pour une bataille, ce fut, paraît-il, une belle bataille! Et je t?envoie un ?uf du jour à travers la physionomie? Et je te balance une livre d?Isigny dans les gencives? Et je t?écrase une omelette sur le cuir chevelu? Ce n?est pas en Allemagne, hein, qu?on pourrait lutter ainsi dans les rues à coups de motte de beurre? Comme l?a dit un jour avec bonne humeur M. Goering: Nous autres, nous avons des canons pour nous battre!
N° 10 du 15 juillet 1938
Vendredi
On mande de Bordeaux qu?une pluie de fourmis rouges s?est abattue sur la ville. C?est évidemment un curieux phénomène météorologique. En ce qui nous concerne, toutefois, nous eussions préféré une pluie de bordeaux rouge s?abattant sur Fourmies (Nord).