Des homards bien juteux...
Comme chaque année, ou presque, le réveillon de passage à la nouvelle année se fera en petit comité, même en très petit comité... Par conséquent, ce que nous ne pouvons pas nous permettre pour plus de dix personnes, nous avons la possibilité de le faire pour trois...
Donc, avant que dans un avenir plus ou moins proche nous en soyons réduits à l'ordinaire à cause d'un écrêtage drastique de nos revenus, selon la préconisation de certains politiques, le changement d'année est l'occasion de déguster du homard... Ce faisant, nous sommes bien conscients que nous sacrifierons par là même uniquement à une tradition culinaire, car la pleine saison du homard est l'été, et nous reconnaissons qu'il est aussi incongru d'en manger fin décembre que de déguster des pêches en cette même période. Mais, la fin de l'année est l'occasion (devenue rare) de se faire quelque petits plaisirs.
Justement, depuis peu une grande surface de la région vient d'inaugurer un vivier dans son rayon « poisson ». Ce vivier est séparé en deux. À gauche les homards orange et brun en provenance directe de chez nos cousins canadiens, à droite les homards bleus dits « européens », dont je subodore qu'ils ont passé le début de leur vie dans des eaux irlandaises. Sans faire de racisme ni de xénophobie, reconnaissons que le « bleu européen » possède beaucoup plus de qualités gustatives que son congénère américain...
Mais, comme il est coutume de dire que l'on n'a rien sans rien, la qualité pour ces crustacés se paie 10 ? de plus au kilo... Ceci explique que dans ce fameux vivier la rotation du stock est importante chez les « américains », alors que les quelques décapodes « irlandais » n'ont jamais eu l'occasion d'aller respirer l'air « sambrien »...
Ceci n'a pas empêché une bien curieuse alchimie qui n'a rien à voir avec l'art culinaire. En effet, pendant que les homards orange voyaient leurs prix baisser de 10 ?, leurs congénères « bleus » en prenaient 10 de plus... Étrange, dans la mesure où ces derniers étant à de rares exceptions près les mêmes qu'il y a 15 jours, ils auraient dû échapper à la fluctuation des cours tout à fait « normale » en cette période de fêtes... Enfin, quand je dis étrange, il s'agit bien évidemment d'une figure d'ironie, dans la mesure où je connais l'adoration de la grande distribution pour les sacro-saintes marges, et leur habilité à faire payer à d'autres clients les efforts consentis aux bénéficiaires de promotions...
Je vois d'ici les pourfendeurs de ce style de distribution se frotter les mains en voyant en moi un allié de la cause... Certes, certes, mais pas trop d'enthousiasme s'il vous plaît... Si j'avais voulu faire l'acquisition de ces homards dans l'unique poissonnerie de notre bonne ville, je ne sais pas combien je les aurais payés. Non pas que je ne veuille pas faire l'effort d'en connaître le prix, mais je suis certain si je les avais commandés chez ce sympathique commerçant, ce dernier aurait été lui-même incapable de me renseigner, car comme dans la plupart des cas, il ne connaît son prix d'achat qu'au moment même de la livraison. Je vous laisse donc imaginer la facture finale : les cours au sommet + la marge du détaillant qui lui permet de vivre convenablement avec quelques kilos de poisson vendus chaque jour... Donc, malgré toute ma sympathie pour le petit commerce de proximité (et cela dépend de ce qu'on appelle proximité), il n'est nullement une garantie de payer des marchandises « au juste prix »... Donc, 1 but partout, balle au centre...
En conclusion, comme nous ne sommes pas des consommateurs « à n'importe quel prix », cette année, nous nous contenterons de deux petits homards canadiens à 16 ? le kilo, ce qui devrait nous amener une dépense aux alentours de 25 ?... (Je vous laisse donc calculer le prix du homard irlandais... !)
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