In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

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Par le petit bout de la lorgnette : « ouf, c?est fini !? »

J

e veux parler bien évidemment du « mariage pour tous » dont la loi a été finalement adoptée par les députés obligés à un marathon de deux semaines y compris les nuits? Les pôvres !?

Cette tragi-comédie parlementaire a ajouté au vortex qui a littéralement aspiré l?attention de l?opinion publique et des médias ces dernières semaines. Fidèle lecteur du journal « Le Monde », je pense ne pas me tromper en disant qu?en moyenne une édition sur deux de ce quotidien contenait au moins un article ou une tribune qui était consacrés à ce sujet.

Je remarque que l?opposition actuelle a fait exactement ce qu?elle a toujours reproché à l?ancienne opposition, c?est-à-dire faire de l?obstruction parlementaire en multipliant le nombre des amendements présentés, souvent bidons. Man?uvres dilatoires qui, de quelque côté qu?elles viennent ne font pas honneur à la démocratie.

Soit dit en passant, j?ai entendu dimanche dernier, que ceci avait été habilement récupéré par Madame la ministre de la famille, qui dans le journal du soir de France 3, a parlé d?un « débat démocratique nécessaire ». Bon, personnellement je n?ai pas la même vision des choses? Ne confondons pas « opération escargot » avec « circulation dense »?

Enfin, c?est fini? Et comme on dit par chez nous « c?est pas tant pis »?

Car, je vous l?avoue ce « débat » commençait à me prendre le chou.

Si je place ce mot débat entre guillemets, c?est qu?à mon avis il n?en était pas un.

Il s?agissait au mieux d?une catharsis à l?envers destinée à culpabiliser le camp d?en face, au pire d?une guerre de tranchées, où dans les deux cas les termes de « homophobe » et « cathophobe » revenaient comme des anathèmes monomaniaques?

Je regrette que cette inanité n'ait pas été comblée par les partisans du « pour » par des réponses à certains arguments des « contre » basés uniquement sur des considérations éthiques, ou ethnologiques, les premiers amalgamant à l?envi toute opposition à des motifs uniquement religieux. Certains étaient pourtant dignes d?intérêt et d?un véritable débat.

En outre, le camp des « pour » n?a jamais mis en avant de réels arguments dignes de convaincre. Deux lignes directrices dans leurs motifs. La première « est l?inévitable adaptation de la société moderne », la seconde résumée par les propos de notre propre député-maire local lors de son intervention à l?Assemblée le 4 février : « pour faire vivre l?amour, et que cet amour ne vive pas dans la clandestinité ». Le premier mobile, me fait quand même penser que les réformes sociologiques profondes ne se font pas uniquement par la voie législative, quant au second, pourquoi dès lors ne pas légaliser la polygamie ou la polyandrie ?

Mais, je ne voudrais pas alimenter encore cette polémique. D?autres choses, au-delà de celle-ci m?ont quand même fait grincer des dents.

Ainsi, il y a peu je lisais sur un réseau social : « de toutes façons la loi sera votée ». Cela signifiait en clair, à l?adresse des partisans du « contre », pour reprendre une expression de mon patois local, qu?il était inutile de « se verziner » (s?agiter) que tout était fait d?avance? Étrange conception de la démocratie? C?est là que je me rends compte de l?incommensurable fossé qui existe entre la richesse de la somme de toutes les opinions individuelles, et le découpage « en parts de camembert » de la vie politique de nos institutions, et des hommes politiques qui entre deux élections ont le champ tout à fait libre, et maintiennent un clivage parfois très artificiel.

Dans le même ordre d?idées, à droite, mais également chez certains intellectuels de gauche, il avait été suggéré justement, que cette réforme profonde de la société et de la famille aurait peut-être mérité, étant donnée son importance de faire l?objet d?un référendum. Ce à quoi il a été répliqué aussi sec, que le projet « mariage pour tous » faisait partie des propositions du candidat Hollande, et que celui-ci ayant été élu, cette réforme avait été approuvée ipso facto par une majorité des Français. Ventre-saint-gris ! Le beau sophisme !

Donc, tous les cinq ans, il suffit que les Françaises et les Français choisissent un ou une Président(e) de la République et que celui-ci ou celle-ci ait présenté dans son programme quelques dizaines de réformes possibles pour que celles-ci soient adoptées sans coup férir par la nouvelle majorité. Ici aussi, étrange conception du parlementarisme qui fait de notre Assemblée Nationale une simple chambre d?enregistrement. Mais, avantage indéniable, il met fin ainsi à la polémique du cumul des mandats? Le caractère spécieux de cette argumentation est donc tout à fait évident, et je regrette de ne jamais l?avoir lu dans les médias ou sur Internet?

Dans tous les cas, comme d?habitude, sciemment ou inconsciemment, on confond allègrement légitimité et démocratie?

Maintenant, que tout cela est terminé, qu?on laisse le flux et le reflux effacer la polémique, et qu?on puisse enfin se concentrer sur des choses beaucoup plus graves. Pendant le temps où l?opinion publique a été hypnotisée par cette réforme, des informations économiques sont passées autant inaperçues qu?une aiguille dans une meule de foin. Ainsi, début de semaine dernière dans les pages économiques du Monde, j?ai appris que l?industrie française avait perdu 1000 usines sur ces trois dernières années. J?ai peut-être l?outrecuidance de croire que cela est plus préoccupant que de savoir si Pierre peut épouser Paul, ou si Sophie peut épouser Catherine?

Bien sûr, il y aura des « combat d?arrière-garde ».

Heureusement que le Sénat est désormais majoritaire à gauche, sans quoi « le mariage pour tous » aurait risqué, sans mauvais jeu de mots, d?égaler « les feux de l?amour » dans le nombre d?épisodes (plus de 9900 pour être précis ? si, si !).

Il y a fort à parier également que certains maires du clan des « contre » vont se faire tirer l?oreille pour célébrer des mariages homosexuels, bien que dans le microcosme local, j?ai lu que les maires « opposants » ne feraient pas de résistance.

J?allais écrire que ceci était tout à leur honneur, mais dans le cas présent, comme dans tous les autres, il ne s?agit pas d?honneur uniquement, mais du devoir et de l?obligation d?appliquer les lois républicaines, que vous soyez d?accord avec ou pas. Certains feraient bien de s?en souvenir d?ailleurs?



12/02/2013
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