Par le petit bout de la lorgnette : grotesque ?
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e nous voilons pas la face, dans notre société, Internet est devenu un passage obligé. D'ailleurs, vous me faites l'honneur de votre visite...
Comme le disait Ésope en parlant de la langue, cet outil est cependant « la meilleure et la pire des choses ».
Parmi les sites qui fleurissent en ce moment, en exploitant une niche, non pas fiscale, mais sociétale, ceux qui proposent de vous guider dans vos futurs choix électoraux. Disons-le tout net, ne vous attendez pas à un truc chiadé, du style « Sciences-Po », révisé « ENA ». Non, cela ressemble plutôt aux tests qui fleurissent dans les magazines féminins ou people, du style « avez-vous bon caractère ? ». En fait, c'est très simple : il s'agit d'un questionnaire à choix multiple fait de plusieurs idées générales sur les thèmes de campagne (économie, société, etc.). Vous choisissez celles qui correspondent à vos sensibilités du moment. Techniquement, il n'y a aucune difficulté, chaque choix est assorti d'un coefficient, et le calcul final vous donne le nom du candidat qui « défend » vos idées. Disons que c'est simplissime, mais, si l'on se contente de peu, assez efficace, car bâti sur une logique élémentaire.
La conception d'un tel questionnaire correspond à ce que peut faire un étudiant en première année d'école de commerce, la réalisation est au niveau d'un informaticien de base, même amateur...
Ce qui est plus intéressant c'est la réaction des usagers. Si dans 80 % des cas, le résultat final est conforme à leurs « pré-choix », pour certains, il reste cependant une demie surprise. Ce qui prouve que quelquefois il y a un hiatus entre ses convictions profondes et ses choix politiques apparents.
Mais, là où ça devient « croustillant », c'est lorsque l'on propose ce test à divers députés dans les couloirs de l'Assemblée Nationale.
Il y en a qui refusent tout de go. Tel l'ineffable Noël Mamère, qui pontifiant et moralisateur comme à son habitude, ferme rageusement l'i-pad qui lui est tendu avec un « cela ne correspond pas à l'idée que je me du débat politique ». Toujours un grand sens de l'humour ce particulier... Même refus de la part du député UMP Claude Goasguen, mais cette fois-ci avec une verve sans doute due à son origine méridionale : « ah, non, votre truc doit être un attrape couillons !... ».
Il y en a quand même qui se lancent, à l'instar de M. Jean Glavany, PS, qui après avoir consciencieusement coché toutes les options, se voit proposer comme candidat correspondant à ses choix... François Bayrou !... Réaction très acide de l'intéressé : « grotesque ! »...
Grotesque ? Peut-être pas tant que cela. Car derrière cette anecdote, se profile peut-être quelque chose de très révélateur...
Ah oui, j'ai fait moi-même le test... La question qui doit vous brûler les lèvres : et alors ?
Et alors, pas de surprise, cela correspond bien à un choix que j'aurais pu faire, mais ce candidat n'aura pas mon suffrage, j'ai déjà été « cocu » une fois, mais pas deux !... Désolé, je n'en dirai pas plus...