In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

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L?édito du « Monde » de ce soir

La gifle du maire, saison II au tribunal correctionnel

Qu'est-ce qui a changé depuis l'hiver ? Rien, et tout. Pour le procès en appel d'une gifle donnée à un gamin de 16 ans par Maurice Boisart, maire d'un petit village du Pas-de-Calais, jeudi 6 septembre, au tribunal correctionnel de Douai, aucun nouveau témoin à la barre. Qu'on parle de " baffe ", de " claque ", de " tarte ", le scénario reste le même : en août 2010, dans le petit village de Coulsore, Pierre D. escalade un grillage tout neuf pour récupérer son ballon de foot. Le maire l'aperçoit, lui promet le " poste ", s'entend traité de " bâtard ". Une gifle part. En février 2012, Maurice Boisart est condamné à 1 000 euros d'amende et 250 euros de dommages et intérêts.

" Le jour de gloire est arrivé, monsieur le Maire ", avait ironisé le procureur, Bernard Beffy, accusant l'élu d'avoir refusé le plaider-coupable. Et ça, " monsieur le Maire " n'avait pas du tout aimé. " Je suis sorti de là lessivé, rappelle-t-il ce jeudi à la barre. Il porte le même costume noir des grandes occasions, mais sa barbe et ses cheveux, blanchis d'un coup après la " gifle ", lui donnent un faux air d'Orson Welles. " J'ai eu l'impression d'avoir été méprisé. Mon épouse n'a pas mangé pendant des jours. On a été choqués. "

La France aussi. En quelques semaines, Maurice Boisart est devenu le héros d'un vrai roman épistolaire national (Le Monde du 10 mars). Cinq cents signatures de soutien ont été recueillies, trois gros tomes qui trônent devant le nouveau conseil de Maurice Boisart, Eric Dupond-Moretti, avant qu'il ne les offre à Alain Blanc, l'ancien président des assises de Paris, et se mette à planter... le décor.

Eh oui ! Le pénaliste le plus en vogue, l'avocat d'Yvan Colonna et d'Abdelkader Merah, a grandi à Coulsore, dont il vante à la barre les tournois de jeu de paume " sans chistera ", la " jolie rivière " de la Thure, mais aussi ses deux figures tutélaires, " M. Hideux ", qui " tirait les cheveux " juste sous l'oreille, et " le père Lagaume ", l'instit de CP, qui, en ces temps " où existaient les leçons de morale et des gifles ", donnait sans qu'on s'en émeuve des " torgnoles " aux insolents et lui apprit à écrire - comme à tant d'autres qui, sur les murs du village, s'amusent parfois à taguer " Bâtard Boisart ".

Un non-événement

Le maire de Cousolre baisse les yeux quand son conseil livre ce secret bien gardé : " Il s'avère que, enfant, mon client a été reconnu par le mari de sa maman. Son père, Maurizio, était un immigré italien. Il n'en a jamais parlé. Sans doute ce que Barbara appelle les souvenirs d'enfance qui déchirent. " Peut-être la raison pour laquelle, il y a deux ans, la " tarte " est partie si vite, après que Pierre. D l'a traité de bâtard.

" Une gifle, c'est un non-événement, plaide Me Dupond-Moretti. Il faut aussi faire des leçons de morale dans les palais de justice. On perd notre temps. Le président ne pouvait pas classer l'affaire ? " Et de réclamer une peine d'un euro symbolique : " Je ne veux pas que le jour où M. Boisart croise le gamin, il dise : j'ai coûté 250 balles au maire ", explique l'avocat, se félicitant des sages réquisitions de l'avocat général et espérant que, le 10 octobre, le maire de son village gardera un casier vierge.



07/09/2012
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