In ze mood, le blog d'humeur de Dominique

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Tu vieillis, Dominique !

 

À l’occasion d’un reportage TV, il m’a été rappelé que le premier roman de l’inimitable Colette était « Claudine à l’école ».

« Claudine à l’école » ; je n’avais pas lu ce roman depuis l’âge de 13 ou 14 ans. Sans doute à cause de mon jeune âge, il ne m’avait pas particulièrement marqué. Je me souviens l’avoir trouvé particulièrement ennuyeux, et n’avais finalement pas compris pourquoi ma grand-mère maternelle était offusquée que je lise un tel ouvrage. L’avantage d’une dernière lecture qui remonte à près de 50 ans est qu’on a tout oublié de son contenu. Je viens donc de le (re)lire.

Bon, aujourd’hui il est certain que les amours torrides entre Mlle Sergent, directrice de l’école et la jeune et belle Mlle Aimée Lanthenay, son assistante et premier « flirt » de Claudine, me sont apparues plus croustillantes qu’il y a un demi-siècle, de même que les relations entre l’héroïne et sa condisciple Luce, sœur d’Aimée, teintées de saphisme et de sadomasochisme. Que cela ne cache quand même pas que la deuxième « héroïne » est l’École du début du XXe siècle. Même si je l’ai connue 60 ans plus tard, la description qu’en fait Colette est parfois conforme à mes propres souvenirs. Qu’il me suffise de citer les problèmes arithmétiques alambiqués mettant souvent en scène un paysan, les piquets qu’il doit planter autour de son champ, et la superficie de ce dernier, l’encre violette et le goût des buvards qu’on mâchouillait. Je n’oublie pas non plus que cette école républicaine fut celle de mon grand-père à cette époque, qui comme Claudine a passé son brevet élémentaire, puis supérieur avant de rentrer à l’École Normale. Ce roman est également l’occasion de magnifiques descriptions de la campagne, qui ici aussi m’évoquent mes vacances « rurales » dans le village de mes grands-parents maternels, Saint-Python, dans le Cambrésis. Enfin, comme Colette, éternel amoureux des félins comment ne pas apprécier les descriptions qui émaillent le récit de Fanchette, chatte de Claudine (sans très mauvais jeu de mots) et de la justesse des observations.

Et puis, tout le roman est teinté d’un humour décapant (la venue du ministre pour l’inauguration de l’école est jubilatoire) que je ne peux qu’apprécier. Il en est de même pour le style et pour une écriture très académique qui nous change des « horreurs orthographiques et syntaxiques » dont est semé Internet aujourd’hui.

Ce roman date de 1900. Je l’ai lu en 1970. À moins que Colette soit revenue du royaume des morts pour le modifier, c’est donc le même que je viens de lire.

Si le roman n’a pas changé, c’est donc moi qui l’ai fait. Qu’on me pardonne ce truisme, mais il servira à vous persuader, et me persuader que je suis comme le bon vin : je bonifie en vieillissant.

Le bonjour vous va.

 



25/07/2018
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